samedi 29 octobre 2011

Après une première dizaine : les choix de Pierre Gauthier


Exercer la profession de d.g dans la LNH n’est pas une tâche aussi légère que le laissent entendre certains commentateurs par les temps qui courent.
Il faut mettre en place le bon personnel à divers endroits de la planète hockey afin d’obtenir des rapports précis et (surtout) exacts sur la valeur des joueurs auxquels on est intéressés, juger du prix de ceux-ci, superviser les rangs collégiaux, junior ou amateurs en vue du repêchage, et avoir en tout temps les yeux tournés vers les effectifs actuels afin d’en évaluer les forces et les faiblesses et éventuellement donner de meilleurs outils à son personnel d’entraîneur.
Bien sûr, il ne faut jamais perdre de vue que si une décision (un échange, un licenciement, une promotion) peut avoir un impact important à court terme, cette même décision a également un effet à long terme.
Et, faut-il le rappeler, tout cela doit être fait dans un contexte où les ressources financières sont limitées par les règles de la convention collective, et où la compétition pour les ressources disponibles (principalement les joueurs) est féroce: il ne suffit pas de « vouloir » un joueur pour l’obtenir; ce qui est pourtant une pensée magique qui semble avoir une emprise solide sur la conception que les amateurs se font du travail de ces hommes de hockey.
Ainsi donc, il ne suffit pas de savoir s’entourer de bonnes têtes de hockey (là encore, le travail de ces « éclaireurs » est de loin plus sérieux que celui de la ribambelle de commentateurs qui remplissent le temps d’antenne soir après soir sur une variété de stations, mais il s’agit là d’un thème qui pourrait faire à lui seul l’objet d’un billet), il faut aussi savoir s’entourer de comptables et avoir une boule de cristal un tant soit peu efficace.
En fait, plus que jamais, le travail de d.g. en est un de gestionnaire auquel se superpose la nécessité d’avoir de solides connaissances en matière de hockey. Mais rien de mieux que quelques exemples pour mieux exprimer la complexité de cette profession. Et quoi de mieux qu’un sujet près de nous?
Prenons Pierre Gauthier.
Été 2011. Il y a quelques cas qui préoccupent le D.G. pendant l’entre-saisons. D’abord, l’incertitude entourant la santé de (ou « du genou de ») Markov. Il est élément-clé de sa défensive autrement vieillissante, dont il souhaite rajeunir la composition.
Puis, peut-être désire-t-il ajouter à son offensive également?
On disait d’Emelin qu’il était prêt à faire le saut dans la LNH. Et on voit un bel avenir à Diaz. On croyait que Markov serait prêt, semble-t-il. On a fait signer à Gill son contrat début juin, possiblement autant pour son jeu sur la glace que pour sa longue expérience et son influence auprès de ses coéquipiers.
Restent Hamrlik, Markov et Gorges. Si Markov et Gorges ne sont plus de vertes recrues, il leur reste quand même quelques bonnes saisons au compteur s’ils sont en santé. Gauthier doit faire des choix. Il est handicapé par les lourds contrats consentis à certains vétérans attaquants qui ne produisent pas autant que par le passé, et ne peut dépenser sans limite. Il doit déterminer combien d’argent il veut consacrer au marché des joueurs autonomes et combien il est prêt à consentir en contrats à ces joueurs actuels. À l’aide des rapports (et un peu grâce à sa boule de cristal), il doit établir la valeur de chacun de ces joueurs pour l’organisation, déterminer combien de temps il a la certitude qu’ils pourront offrir des services à l’équipe (pour cela, il doit avoir un plan à long terme avec la progression prévue des meilleurs espoirs du club).
C’est probablement dans ce contexte qu’il a été évalué que Roman Hamrlik deviendrait un joueur dispensable l’an prochain, et qu’on a choisi de lui offrir un contrat d’un an; et le laisser partir sans lui faire une offre de plus longue durée devant le refus du vétéran défenseur, et plutôt faire confiance au renouveau de la défensive. C’est aussi là qu’on a choisi d’être confiant dans le cas de Markov et lui faire une offre à long terme.
Erik Cole était-il le joueur visé par le Montréal, ou a-t-il été celui qu’on a réussi à obtenir dans le derby du 1er juillet? Selon ce que Gauthier a dit, c’était le joueur ciblé, mais on imagine mal le d.g. qualifier sa nouvelle acquisition de prix de consolation!
Voilà donc les principaux choix que Pierre Gauthier à fait, tout en jonglant avec les chiffres :
Laisser tomber Hamrlik
Miser sur les nouvelles (et jeunes) acquisitions en défense
Compter sur un prompt rétablissement de Markov
Faire une offre à Erik Cole.
Il complètera tard dans l’été sa brigade défensive avec la mise sous contrat de Campoli.
Et voilà, on pouvait commencer la saison.
Sauf que.
Sauf qu’au départ de la saison, le genou de Markov n’est toujours pas guéri, Campoli s’est blessé à long terme, Spacek n’est pas non plus de l’alignement, et la relève sur laquelle compte Gauthier n’est pas prête pour un tel défi. Elle peine dans sa zone, est très discrète dans ses relances de l’offensive, et seul Josh Gorges semble lui offrir un début de stabilité. Erik Cole connaît un début de saison lent, et des rumeurs de mésentente entre lui et l’entraîneurs commencent à surgir dans les médias. L’équipe accumule les échecs, et bientôt la grogne monte. À ce moment, les choix de Gauthier, particulièrement celui de laisser tomber Hamrlik semble catastrophiques, surtout quand on considère que Cole, que l’économie d’Hamrlik a permis d’obtenir, est au neutre.
Pourtant, après 8 matchs, au pire de la déprime, seules les performances contre le Calgary et le Pittsburgh ont été vraiment moins qu’ordinaires. Les résultats contre le Toronto (deux fois), le Buffalo et le Colorado ont donné un résultat décevant pour l’équipe mais la performance y est honnête.=. De ceux-ci, les deux matchs qui ont atteint la prolongation ont été particulièrement crève-coeur, car n’eut été des largesses d’une défensive inexpérimentée, dans les deux cas, le Montréal aurait récolté les deux points en temps réglementaire. Le match contre la Floride est terne pour les deux équipes.
Et déjà, Pierre Gauthier doit faire d’autres choix : son équipe croule en 29ème place, la ville est moribonde. Il sait que Spacek revient bientôt. Il compte sur lui pour stabiliser la défensive. Il doit espérer que les Weber, Diaz et Emelin atteignent un jeu du niveau de celui de la LNH. Il souhaite probablement qu’Erik Cole fasse taire les critiques et les rumeurs. Mais en attendant, il doit choisir d’agir. Sa seule option pour améliorer sa défensive se trouble actuellement sur le marché de joueurs autonomes.
Mais s’il veut un joueur de calibre, il devra y mettre le prix. Les autres d.g. connaissent sa situation et ils ne sont pas dupes. Ils ne lui feront pas de cadeaux. Inutile de se raconter des histoires : les Gionta, Gomez, Cammalleri ont de lourds contrats difficiles à refiler à d’autres équipes. Les joueurs plus communs (Darche, Budaj,) sont de moins intéressants car ils remplissent souvent un rôle pour lequel il est plus facile de trouver des candidats. Les joueurs qui intéressent les d.g. adverses sont les Subban, Price, Plekanec, Paciorretty :de jeunes joueurs talentueux et prometteurs. Leur situation de force leur permet ces aspirations et ces conditions.
Pierre Gauthier doit-il hypothéquer l’avenir en sacrifiant un de ces joueurs pour trouver un défenseur d’élite? Ou doit-il compter sur un bon coup du sort ou un alignement des astres? Et quelle est sa marge de manœuvre financière? Et s’il devait manquer d’argent, doit-il envisager de céder son plus haut salarié aux mineures pour se dispenser de son salaire et se donner une marge de manœuvre? Et qu’en pense son propriétaire, qui devrait continuer à payer le salaire au joueur?
Finalement, le d.g. se contentera de remaniements mineurs (départ d’un entraîneur-adjoint pour des raisons demeurées obscures, acquisitions de joueurs anonymes).
Voilà donc les principaux choix que Pierre Gauthier à fait, tout en jonglant avec les chiffres :
Protéger son noyau
Et nous voilà donc, après une première dizaine. Canadien a réussi à sauver 4 points de plus (et la face), Erik Cole semble montrer des signes encourageants, Price montre un peu plus d’aplomb après un début chancelant, et la défensive stabilisée par l’ajout de Spacek réussit à se maintenir la tête hors de l’eau. Les choix de Gauthier semblent moins mauvais. Il faudra les réévaluer dans une autre dizaine, car notre évaluation des choix du d.g. varient avec le temps (notre appréciation du contrat de Cole sera-t-elle la même dans 3 ans? Il y a fort à parier que non).
Mais à la fin, le Montréal sera une nouvelle fois cette année une équipe de milieu de peloton, qui terminera quelque part entre la sixième et la onzième place de son association, qui comptera largement sur son jeu en avantage numérique et le brio de son gardien pour amasser les points qui feront la différence à la fin de la saison. Price volera des matchs, l’attaque punira à l’occasion un adversaire – il faut l’admettre, les Pacioretty, Plekanec, Gionta, Cammalleri, Kostitsyn, Cole, Eller et Desharnais peuvent faire mal à une défensive adverse .
Mais la défensive du Montréal, composée de joueurs vieillissants et de trop jeunes recrues, privée de son as, en échappera également à l’occasion : sa tenue sera un facteur crucial cette année. Si elle se stabilise, Canadien pourrait étonner. Si elle demeure aussi instable, la prochaine dizaine pourrait n’être guère mieux que celle qui se termine.
On s’en reparle dans 10. D’ici là, ne sous-estimez pas le travail du d.g.!

dimanche 26 septembre 2010

La maturité

Il a beaucoup été question, cet été, de la maturité acquise par Carey Price cet été.  Pierre angulaire du discours de Pierre Gauthier (un autre Pierre plutôt angulaire, du reste ; ça doit être le régime végétalien) au terme de l’échange qui a envoyé Halak au Saint-Louis.

Aujourd’hui, après deux matchs pré-saison (!), cette maturité supposée est la cible des railleries d’une bonne part du public du Montréal.  Ici, à Ticheurte de face de loup, nous ne sommes pas particulièrement partisans de Carey Price, Jaroslav Halak, ou même de Canadien.  Nous apprécions un bon match de hockey, avant tout pour le plaisir du spectacle sportif.  Mais nous ne nous levons pas de notre siège ni ne nous exclamons quand le Montréal marque, pas plus que nous sombrons dans l’insomnie en raison des déboires du gardien régulier du Montréal.  Aussi, quand nous regardons le portrait d’ensemble avec  notre recul, nous nous demandons : qui, au juste, manque de maturité ?

Le hockey est un divertissement et son poids sur nos vies demeure somme toute futile.  Alors, entre un jeune homme de 23 ans qui doit rappeler à une population entière que ce n’est que du hockey, ou 400 000 émotifs qui vilipendent, diffament, huent et sont animés d’une haine viscérale envers un «pousseux de pucks», mais ne s'insurgent pas que leur premier ministre les encule à tour de bras avec les amis du pouvoir, nous nous demandons bien qui est le plus immature.

Bon choix, mauvais choix, l'échange d’Halak ? Allez donc savoir, surtout après deux matchs préparatoires ou ni l’un ni l’autre des deux jeunes gardiens n’a cassé quoi que ce soit.  Mais la réaction des gens, elle, est bel et bien disproportionnée et immature.

On a complètement perdu de vue qu’un match de hockey, au final, ce ne sont que 12 hommes munis de patins et de bâtons qui tentent de mettre un objet de caoutchouc dans une cage de fer où est tendu un filet de nylon.  Rien de plus.  Peu importe le symbolisme qu’on voudra bien faire porter au jeu, ce ne sera jamais rien de plus qu’un jeu.  Pourtant, pour certains, c’est manière suffisante pour détester en s’en réveiller la nuit un autre homme, dont ils ne connaissent rien, sinon ce que leur apporte la rumeur qu’ils ne peuvent valider.
Mais bon,semble-t-il  qu’au Québec, voir se planter quelqu'un qui avait réussi par le passé. Ça nous fait du bien de frapper sur quelqu'un qui est à terre, ça nous donne le sentiment d'avoir du pouvoir, et ça nous fait oublier notre condition de gens ordinaires. C'est le genre de «gagnants» dont se compose en partie la foule du Centre Bell.   Au risque de nous répéter, affirmons-le à nouveau : une foule sera toujours aussi idiote que le plus idiot de ses membres ; on en a eu une autre preuve la semaine dernière.

On se demande bien quel raisonnement peut bien mener à s’insurger, le lendemain, parce que la cible des huées a souligné, avec justesse, qu’il ne s’agissait que de la pré-saison. On a beau s’agiter et dire que l’achat d’un billet donne le droit de huer. D’abord, un droit n’est pas une obligation. Ensuite, peut-on vraiment s’attendre à du respect quand on en manifeste aussi peu ? Et là encore se pose la question de la maturité : qui est se conduit en enfant ? Celui qui hue alors que le premier coup de sifflet de la saison n’a pas encore été donné, ou celui qui est conscient du ridicule de la chose ?

Et dire que ça ne fait que commencer.

Peut-être serait-il temps de se reculer d’un pas, et de prendre, collectivement, une profonde inspiration ?  La haine, quoiqu’on en dise, n’apportera jamais de positif.

samedi 18 septembre 2010

Folie passagère

Il est de ces semaines où on aurait envie d’appartenir à une autre nation.  Être Norvégien, tiens.  C’est gentil, social-démocrate, écologique et excellent fondeur, un Norvégien.

Enfin.  On est ce que l’on est avec les gouvernements que l’on mérite, il faut bien se l’avouer.

L’occasion était trop belle pour la laisser passer : en pleine tempête médiatique autour de l’affaire Bastarache (sujet #1 au Québec, pas même défié par la saison des ouragans),  la conférence de presse donnée par Jean Charest allait certainement lancer les journalistes / éditorialistes sur une autre piste.

Et voilà tonton Charest qui claironne, étude en main, preuves à l’appui : si on considère les gens de Charlottetown  comme public potentiel et on fait abstraction des quelques 900 kilomètres qui les séparent de la vieille capitale (ils viendront de Charlottetown, Halifax ou Sept-îles pour remplir les gradins, aucun doute là-dessus, Ernst & Young le certifie) , l’affaire est entendue : le Colisée Nouveau pourrait rapporter $1 million par année.  Il y a ce menu détail de l’investissement initial de $400 millions,  et les frais d’entretien annuels de $3 à 5 millions, mais bon, on ne va pas s’emmêler dans les fleurs du tapis, tout de même !

Viens que je te finance l’amphithéâtre à coup de millions, citoyen, mais ne parlons plus de ces histoires de trafic d’influence et pots-de-vin, veux-tu ?

En somme, ce bon vieux Patapouf s’offrait du capital politique dans la capitale, à même les capitaux de l’État : c’est habile et ça constitue une aubaine pour le PLQ !

Craignant de perdre des plumes en vertu de la frilosité de leur chef Harper, les fédéraux faisaient la pose pour l’œil du caméraman, gilet de Nordiques en guise de veston-cravate.  Sauf l’ami Bernier seule idéologue qui ne soit pas tombée dans la putasserie, mais qui a dû – une fois de plus – faire les frais de la grogne du public. 
Harcelé par des journalistes hors-sujet se voyant déjà tirer la pipe à leurs collègues «de l’autre bout de la 20», M. Harper a dû, dans un rare moment non-idéologue, rappeler que le privé devrait mettre la main à la pâte, pas seulement le citoyen – en particulier celui de l’Ouest, qui le porte au pouvoir.

Et le citoyen ?  Le citoyen – surtout celui de Québec -  ne s’est pas fait prier pour oublier scandales et commission d’enquête. L’éditorialiste aussi, d’ailleurs, s’est laissé prendre au piège : il fallait lire l’imbuvable Réjean Tremblay, qui réussissait une fois de plus à creuser sous les bas-fonds de l’intelligence à coup de sophismes soporifiques et de demi-vérités de mauvaise foi.   Il n’a pas fallu grand temps pour que se fasse entendre la symphonie des comparaisons, la plupart boiteuses.

Le Bon Citoyen : «Le CHUM et l’échangeur Turcot, ça vous dit quelque chose ?  Parce qu’un amphithéâtre, en termes de  besoins de société, c’est aussi criant que une infrastructure routière ou un hôpital !  D’ailleurs, c’est bien connu, les hôpitaux et les routes dans la Ville de Québec ne sont pas financés par les gouvernements, donc ça ne serait que justice qu’on offre à la ville un Nouveau Colisée pour équilibrer cette injustice !

Et le toit du Stade Olympique et le Grand Prix !  Si le gouvernement gaspille son argent sur des conneries, il doit ab-so-lu-ment répéter ailleurs ses erreurs par souci de justice !»
Le Bon Citoyen : « On a financé l’OSM, ça prend un amphithéâtre : c’est du pareil au même, tout le monde sait qu’un opéra ou un orchestre symphonique, ça peut aussi bien survivre qu’une équipe de la LNH sans financement public !

Parce qu’il faut comprendre, Montréalais jaloux : il ne s’agit pas de Nordiques, il s’agit d’amphithéâtre.  Personne n’a parlé de hockey : c’est seulement d’un édifice pouvant accueillir spectacles (c’est bien connu, les tournées musicales évitent Québec parce que 16000 places, ce n’est pas assez, surtout quand la plupart de ces tournées n’en attirent pas autant à Montréal, une agglomération comptant près du triple d’habitants) et congrès (le Centre des Congrès de Québec ne suffit pas à la tâche : autre secret de Polichinelle !) , ou même recevoir les Jeux Olympiques (il y a ce petit détail d’avoir une montagne capable d’accueillir les épreuves alpines, mais bon, ce serait de l’ergotage que d’en discuter !).  Une franchise de la LNH ?  Oui, bon enfin, c’est toi qui mets la charrue avant les bœufs, Montréalais jaloux, et qui prête à l’ami Labeaume des intentions qu’il n’a certes pas !  Nous non plus, partisans du projet, d’ailleurs, n’avions pensé à une équipe de la Ligue Nationale !  Laissons ça à l’entreprise privée.»

L’Impie : «  Où est-elle, d’ailleurs, cette entreprise privée ?  D’habitude, quand il y a un sou à faire, elle ne se fait pas traîner par les cheveux !  Il doit y avoir anguille sous roche pour qu’elle soit si frileuse, non ?  Un million par année, ce n’est quand même pas de la menue monnaie !»

Le Bon Citoyen : «  Encore une fois, tu ne comprends pas, l’ami : ce ne sont pas les revenus qui sont importants, ce sont les taxes.  Tu sais, ces gents qui travaillent au salaire minimum, 4 heures par soir, 3 soirs par semaine, dans les kiosques d’un Nouveau Colisée, c’est tout plein de revenus en impôts !»

L’Impie :  « Ils gagnent si peu qu’ils ne payeront peu ou pas d’impôts, et de toute façon, ce sont les mêmes employés,  à peu de choses près, que ceux de l’actuel Colisée.»

Le Bon Citoyen : « Et que fais-tu de l’argent des taxes sur les billets, sur les hot-dogs, sur la bière ?»

L’Impie : « Mais n’est-ce pas là le même argent de divertissement qui est actuellement dépensé sur d’autres loisirs et pour lesquels les gens payent déjà des taxes ?  À moins que les gens trouvent de l’argent neuf tout-à-coup ?»

Le Bon Citoyen : « Et les impôts payés par les joueurs ? »

L’Impie : « Les joueurs ? Je croyais qu’il n’était pas question de LNH ?  Soit, les joueurs.  Est-ce la seule garantie de l’on ait ?  Et que fait-on s’il ne viennent pas ?  A-t-on les moyens au Québec de se payer un autre Stade Olympique, un grand édifice vide la majeure partie du temps ? »

Le Bon Citoyen : « Tu n’es que de mauvaise foi, et un sale jaloux !  Tu es comme ces gens de l’Ouest qui ne veulent pas qu’on dépense leur argent pour me construire un joujou : un anti- Québec et un faux patriote !  »

Car c’est de cela, pour certains, qu’il s’agit désormais : une question de fierté nationale.   Vous êtes pour le projet, ou contre le Québec et les Québecois.

Et la Marois et le Curzi (il ne sont jamais loin quand on parle de fierté nationale, ceux-là), se sentant oubliés dans le débat politico-sportif, ont ajouté leur grain de sel : Canadien est fédéraliste.  Ce symbole fort de la nation québécoise (en fait de symbole historique, on a vu mieux qu’une entreprise qui depuis toujours a appartenu à de riches intérêts anglophones, profitant du talent des francophones pour s’enrichir, mais bon, passons…)  vote désormais «Non».  Ou quelque chose comme ça.

Pendant ce temps-là, plus personne ne se préoccupe des magouilles dévoilées chez Bastarache.

Et misère.

Enfin.  On est ce que l’on est avec les gouvernements que l’on mérite, il faut bien se l’avouer.

lundi 6 septembre 2010

Des petits gars bien de chez nous : un brin d’histoire

«Le sport ne prend pas de vacances».  Ce n’est pas nous qui le disons, c’est le bon ami Jean-Charles (il dit ça et tout plein d’autres choses pleine de sagesse, en fait).   Canadien non plus, ne prend jamais congé.  Ni des médias, ni des cervelles en ébullition des grands esprits qui parsèment la Belle Province.
Ainsi, alors que la politique, pour une fois, ne se terrait pas durant la saison estivale, ce ne sont pas les noms bien de chez nous « Charest » et « Bellemare » qui occupait la population, et les rédacteurs en chef, webmestres et autres chefs d’orchestre des différents médias : ce sont plutôt « Halak » et « Price ».
En fait de noms québécois, ce serait plutôt l’absence de qui a fait jaser. Ainsi donc, alors que Steve Yzerman se méritait les éloges pour sa vision et sa francophilie (vous savez, le même Steve Yzerman qui avait envoyé à Vancouver l’équipe Olympique de hockey affichant la plus basse représentativité québécoise de l’histoire ?), la direction du Club de Hockey Canadien se faisait varloper de tous côtés pour sa francophobie. Ont contribué au tir groupé : Guy Carbonneau, Vincent Damphousse, Patrice Brisebois et Michel Bergeron, encouragés, bien sûr, par les sommités que sont Michel Villeneuve et ses confrères radiophoniques.
La ritournelle se répète à chaque automne, ou presque, et s’appuie sans cesse sur le même constat : les Québécois sont bien peu nombreux sur la patinoire du Centre Bell. Cet état de fait mène à un nombre considérable de dérives interprétatives : affirmation du rôle de promoteur du fait français dans la LNH que devrait assumer Canadien, suspicions sur la francophobie de l’état-major de Canadien, mouvements ( au mieux mignons) de boycott des produits Molson (!), théories fumeuses sur la relation entre les résultats de l’équipe et la proportion d’indigènes, mesures de l’effort basées sur l’origine des joueurs, et ainsi de suite. En somme, il nous faut davantage de joueurs québécois chez Canadien, à la fois parce que cela fait partie de la mission de l’équipe, mais aussi parce que la présence d’un nombre élevé de ces joueurs de chez nous est un gage de réussite.
Ce délire collectif soulève un certain nombre de questions intéressantes : d’abord, ce « nationalisme sportif » est-il unique aux partisans Montréalais ? Où s’inscrit-il dans le portrait de la société québécoise ? Fait-il des québécois des nazis, des intolérants, ou encore des racistes ? Qu’est-ce qui amène certains partisans à exiger qu’un plus grand contingent de Québécois au sein du club ? Leurs prétentions sont-elles justifiées ? Mais surtout : pourquoi y’a-t-il de moins en moins de joueurs locaux dans l’alignement ?
Un peu d’histoire
Pour bien comprendre le présent, il faut parfois regarder le passé, disent certains. Le cas actuel en est un superbe exemple.  Les partisans les plus acharnés d’un Canadien « tout québécois » sont avant tout nostalgiques d’une époque ou les « Frenchies » faisaient la leçon aux autres (cinq) clubs de la ligue.    On reproche à Canadien de ne plus repêcher dans sa cour comme il le faisait durant cet âge d’or. 
Cette assertion est erronée.  Dans les faits, le repêchage existe seulement depuis 1963.  Auparavant,  les équipes développaient eux-mêmes, sur leur territoire, des réseaux dans le hockey mineur.  Au lieu d’un club-école, Canadien avait tout une toile de clubs, de tous les âges, dans lesquelles elle développait les talents locaux.  Ainsi, les jeunes hockeyeurs étaient repérés très jeunes et entraînés afin d’un jour les voir s’aligner avec le grand club.
Dans un tel contexte, durant une vaste partie du XXème siècle,  l’âge d’or du club, Canadien jouissait d’un large avantage sur ses concurrents, pour des raisons sociales, économiques, technologiques et géographiques. 
Socialement, la société québécoise est encore asservie au clergé, peu éduquée, peu cultivée, et pauvre.  Ces facteurs font en sorte que le hockey est non seulement largement pratiqué, il est roi et maître parmi les loisirs des jeunes québécois : on y joue partout, tout l’hiver durant, autant sur patins que dans les rues.  Les loisirs alternatifs que l’on connaît aujourd’hui (planche à neige, sports intérieurs, jeux vidéo, activités plus cérébrales) sont soit inexistantes, hors des moyens financiers de la famille ouvrière moyenne, ou ne sont tout simplement pas intéressant en fonction de la culture populaire de l’époque.
En parallèle à  la position monopolistique du hockey dans les loisirs masculins du siècle dernier au Québec, les facteurs géographiques, technologiques et économiques se joignent pour former un corolaire qui assure à Canadien une hégémonie sur le hockey nord-américain.
Les sociétés démocratiques et les infrastructures du monde occidental sont en plein essor au cours du siècle dernier. De nombreux conforts que nous prenons désormais pour acquis sont tout simplement absents du portrait pendant les trois quarts du XXème siècle. Il en va, entre autres, du foisonnement des arénas, alors que les technologies de réfrigération ne seront démocratisées qu’au milieu du siècle, le hockey se pratique surtout sur des glaces extérieures, voire des plans d’eau gelés. Et où trouve-t-on le plus vaste échantillon de telles étendues, qui sont du reste gelées plus longtemps que partout ailleurs en Amérique du Nord (à l’exception de contrées nordiques peu peuplées ? Et oui, dans la cour de Canadien.
Il s’ensuit que le bassin le plus large de joueurs de hockey, avec à sa disposition le plus de grand nombre de terrains d’entraînement pendant la plus longue période de l’année est la «propriété » du Club de Hockey Canadien. Qui a dit « conditions gagnantes » ? D’ailleurs, s’il fallait se convaincre davantage que ces facteurs ont joué un rôle dans les succès de Canadien, on peut souligner que les équipes ayant obtenu les meilleurs résultats derrière le Canadien, à cette même époque, sont le Toronto et le Détroit… dont la situation rappelle davantage celle du Montréal que le Boston, le New York ou le Chicago (bien qu’on pourrait arguer que les succès de Red Wings est surtout attribuable à un certain… Gordie Howe).
Au tournant des années soixante, sans doute excédés de voir les trois mêmes équipes damer le pion à leurs adversaires année après année, les gouverneurs de la ligue instaurent le repêchage amateur. Dès lors, la donne change pour le Montréal. S’il réussit à conquérir le précieux trophée du Lord Stanley au cours de la décennie 60, il le doit surtout aux derniers vestiges de cette époque faste où il avait le seul droit de regard sur les joueurs locaux.
Également, bien que le repêchage amateur existe dès 1963, le métier de dépisteur en est à ses balbutiements et ne jouit pas des moyens qu’on lui connaît aujourd’hui : on s’imagine mal un dépisteur de cette époque filmer un prospect au fin fond la Russie et télécharger le fichier vidéo pour ses collègues en poste ailleurs dans le monde ! En somme, bien que les clubs n’aient plus un droit de regard sans partage sur leur réseau, ils continueront pendant un moment à se concentrer avant tout sur les joueurs dans leurs parages.
La dernière grande dynastie de Canadien, au cours des années 70, marque un point tournant dans l’histoire du club. Ces cinq conquêtes ne sont plus autant l’œuvre des petits gars d’ici : aux côtés des Béliveau, Lafleur, Lemaire ou Savard, s’alignent des acteurs importants dont les noms ont des consonances du ROC : Robinson, Shutt, Dryden, Bowman. Mais, surtout, Pollock. On doit au directeur-général de génie de nombreux choix au repêchage qui auront façonné les années ’70.
C’est aussi au cours des décennies 60 et 70 que la société québécoise vit des changements profonds et s’ouvre sur le monde : révolution tranquille - réforme de l’éducation à la clé - Exposition universelle, Jeux Olympiques. Le Québec change, rapidement, et le hockey bien qu’important, n’est plus aussi central (paradoxalement, alors que le québécois moyen diversifie ses loisirs, les médias sportifs, eux, se réduisent de plus en plus à une couverture du hockey).  Ailleurs, on pratique de plus en plus notre sport national, et avec la multiplication des patinoires intérieures, le climat québécois n’est plus aussi avantageux qu’il l’a déjà été dans le développement de hockeyeurs de talent.
Les années ’80 marqueront l’entrée en scène des joueurs européens, grâce à l’évolution des moyens de transports et de communication qui facilitent le travail des dépisteurs, phénomène qui sera exacerbé par la chute du rideau de fer et l’ouverture d’un nouveau bassin fertile de joueurs : les joueurs russes. Désormais, le hockey est mondial, et les clubs ne peuvent plus se permettre de jouer seulement dans leur cour.
Ainsi, au fil des années, alors que les accès à des sites d’entraînement se sont multipliés et démocratisés, que les dépisteurs ont élargi leurs horizons, que les québécois ont diversifié leurs intérêts et ont été moins nombreux à embrasser le hockey comme loisir de prédilection, on a assisté à une baisse de représentativité de ceux-ci dans la LNH. Bien que pour des raisons historiques, cette différente est plus marquante chez Canadien, elle n’est surtout que le symptôme d’une roue qui tourne : celle de l’histoire en marche, celle d’une société qui évolue.
Désormais, le génie québécois ne laisse plus sa marque uniquement sur une patinoire : il est cinéaste, homme de théâtre, chef d’orchestre, hommes d’affaires, auteur. Est-ce là un mal si grave ?

jeudi 29 avril 2010

Héros de guerre

Le sport, son discours et sa popularité ont remplacé dans la culture populaire l'espace qu'occupait jadis la guerre entre les peuples.   De nombreux indices le montrent, à commencer par l'emprunt de termes au vocabulaire de guerre : “bombardement”, “blitz”, “offensive”, “défensive”, “fourbir les armes” et ainsi de suite, sont autant d'exemples (cela pourrait faire l'objet d'un billet entier, mais ce n'est pas ici le propos) de ce transfert de paradigme.   Ainsi, les athlètes ont remplacé dans  l'imaginaire collectif la place qui a par le passé été allouée aux héros de guerre ( le surnom Alexandre le Grand en est un subblime exemple).  C'est ainsi qu'on se créé des héros, des sauveurs.  Mais qu'on escamote au passage de nombreux éléments d'une juste analyse.  Enter Jaroslav Halak.

Il y a un mélange de deux éléments qui entre en jeu dans la consécration de Jaroslav Halak à laquelle on assiste ces derniers jours - sur les tribunes populaires (blogues, lignes ouvertes), mais aussi, à un degré moindre, dans les médias, chez les “experts”.  D'abord, il y a cette volonté, ce désir d'avoir des héros à admirer et auxquels s'identifier (voire dans lesquels se projeter).  Ensuite, il y a tout ceux qui ont, pour toutes sortes de raisons, ont une compréhension et une vision limitée du jeu qu'est le hockey et qui, par conséquent, ne peuvent que ramener le résultat d'un match à la seule performance du joueur le plus en vue, sans être capable d'analyser plus loin (il y a aussi, chez une minorité crasse, cette volonté enfantine de dire “j'avais raison d'être Pro-ci ou Anti-ça”, mais ceux-là ne méritent même pas qu'on s'y attarde) : ceux-là seront peut-être intéressés par ce qui suit.  Lisez attentivement, parce qu'il y aura des questions plus tard !

On va danser le papillon

Le style papillon est pour plusieurs une simple formule passe-partout pour paraître connaisseur.  Dans les faits, c'est une façon de garder les buts qui s'appuie sur un principe fondamental : être positionné de manière à la rondelle frappe le gardien sans qu'il ait à faire de geste particulier.  Autrement dit, un gardien papillon qui exécute le style à la perfection ne sera jamais spectaculaire : il sera devant la rondelle et elle frappera son plastron ou ses jambières.  Il faudra un tir parfait (lire : “par-dessus les épaules”) pour le battre.  

Comment battre ce style ?

Même si le papillon est le style le plus répandu dans la LNH, il se marque beacoup de buts dans la ligue.  Quid ?

Et bien, il existe des moyens de battre le papillon. 

    • Faire bouger latéralement le gardien : de cette manière si le jeu est exécuté rapidement, le gardien n'a pas la chance de se repositionner adéquatement, et offre à ses adversaires des espaces pour tirer. 
    • Provoquer le premier geste : soit par une feinte, ou alors avec un tir qui force le gardien à s'agenouiller, et à offrir un retour. 
    • Prendre le centre de la glace : plus les tirs proviennent de la périphérie, plus il devient facile pour le gardien. Il faut donc réussir à attaquer le filet de front.
    • Finalement, un gardien n'ayant pas la maîtrise de son style pourra être mal positionné et devra compter sur ses réflexes.


Or, et c'est ici qu'on vérifie que vous avez bien suivi, que remarque-t-on ?  Allons !  Un petit effort de réflexion ! 

Bon, d'accord, on vous le donne en mille : l'excellence d'un gardien en papillon est tributaire du jeu de ses coéquipiers devant lui.  Durant cette série, et la chose est devenue d'autant plus vraie que la série avançait, les joueurs de Canadien ont excellé dans deux aspects cruciaux permettant de contrer les moyens cités plus haut.  D'abord, ils ont protégé la ligne centrale de leur zone défensive (l'axe) forçant le Washington a jouer (et tirer) de la périphérie.  Ensuite, ils ont réduit presque à néant les tentatives de passes transversales, évitant ainsi à leur gardien se voir prendre hors-position suite à un déplacement latéral précipité. 

Deux inséparables

Bien sûr, le jeu des joueurs et la performance du gardien vont de paire. 

C'est bien beau de réduire les chances de marquer et confiner l'adversaire à des tirs en périphérie, si le jeu du gardien n'est pas au point ou encore les tirs (même de périphérie) sont parfaits, les résultats ni seront pas.  C'est ce qu'on a vu lors du deuxième match de la série, après lequel, d'ailleurs, la mauvaise performance du gardien avait été relevée.  

Parallèlement,  si le jeu du gardien est à point, mais qu'on laisse l'adversaire tirer de trop près, qu'on échappe les retours ou qu'on laisse l'adversaire déplacer la rondelle d'un côté à l'autre de la zone défensive, il y a fort à parier qu'une équipe qui compte sur des francs-tireurs de la trempe d'Ovechkin finira par marquer sa part de buts.  Ce à quoi on a assisté lors des matchs 4 et 5. 

Par contre, lorsque tout tombe en place, alors il est permis de croire à l'impossible.  Ce à quoi nous avons assisté lors des trois derniers matchs : une défensive (un système de jeu) qui réduit presque à néant les menaces adverses et un gardien toujours en place pour bloquer ce que son équipe concède en fait de tirs. 

S'il fallait absolument ériger une statue aux héros de guerre montréalais en ce printemps qui s'étire,  il faudrait penser à faire une place sur le piédestal à la brigade défensive du Montréal, qui est toute aussi responsable du résultat surprenant de cette série que le cerbère derrière elle.  Et à Kirk Muller, le cerveau derrière le jeu en désavantage numérique.   Et à Jacques Martin, le chef d'orchestre (vous savez, l'homme qui n'a jamais rien gagné en séries et qui s'est fait littéralement « outcoacher » par Bruce Boudreau).


Nous n'avons pas pu confirmer au moment de mettre sous presse, mais des sources bien informées ont rapporté que tard hier soir, aux abords du Centre Bell, on pouvait entendre rire Bob Gainey.

vendredi 23 avril 2010

À quand la retraite ?

Bizarrement, nous ne sommes pas trop étonnés, ce matin, de la réaction du ministère des Transports au projet de réfection de l'échangeur Turcot. 

Projet rafraichissant, pour ne pas dire avant-gardiste, s'il en est un : une sorte de paire de ronds-points géants, superposés, répondant de manière beaucoup plus concrète aux exigences du BAPE que le projet présenté par le ministère (dont on attend une révision dans les prochains jours, voire les prochaines semaines). Le projet présenté par le maire Tremblay réserve une large place au transport collectif, dénature moins le portrait urbain, vise à réduire la circulation automobile plutôt que l'encourager et réduit largement la délocalisation des résidents des quartiers avoisinants.

Rappelons, pour la gouverne des lecteurs, que devant la désuétude de l'échangeur qui tombe littéralement en pièces (on doit installer des grillages sous les structures aériennes pour éviter que des blocs de bétons ne s'en détachent et s'écrasent sur les voitures qui passent dessous), le ministère avait proposé un projet qui, à peu de choses près, reprenait la structure et les tracés actuels, et les redessinait au sol. Un projet digne des années 60, orienté vers le transport automobile avant tout, et qui en plus de se traduire par des expropriations multiples, dévisagerait le paysage urbain et scinderait ou isolerait des quartiers entiers. Renvoyer à sa table à dessin par le BAPE, le ministère serait sur le point de proposer sa « refonte », à laquelle la proposition de Montréal était une alternative proposée.

Alors, pourquoi ce refus ? « Trop cher, trop long », disent la ministre Boulet et ses sbires, hauts fonctionnaires des Transports du Québec. En fait, le coût passerait de 2,5 à 6 milliards, et la date de « livraison », de 2017 à 2022. Une évaluation tellement ahurissante qu'on la croirait surréaliste, justifiant un refus catégorique selon la ministre. Pourtant, quand vient le temps d'allonger les deniers publics pour emplir les goussets de ses amis de la construction, le gouvernement libéral ne se fait généralement pas prier.

La Ville et ses alliés - un rare consensus s'est installé derrière le projet - ont peine à croire leurs oreilles devant de tels chiffres. Elle attend d'avoir le détail de ces évaluations. « D'ici quelques jours », s'est fait répondre M. Tremblay. En attendant, le maire est revenu à la charge, accompagné d'alliés momentanés du monde municipal, et enjoint le premier ministre Charest de se mettre le nez dans le dossier. Celui-là doit commencer à maudire l'année 2010, qui est à peine entamée et lui apporte déjà un lot de soucis.

Le premier ministre bougera-t-il ? Laissez-nous en douter. Habitué, par trop d'années au pouvoir ,à forcer dans la gorge des électeurs les décisions de son gouvernement, il va probablement faire preuve de son entêtement légendaire = surtout que, les structures appartenant au MTQ, il demeure seul maître à bord. Ce projet deviendra-t-il un boulet de plus aux pieds du parti libéral qui les accumulent sans coup férir ? Sans doute. Mais les gens oublient vite, et les élections sont si loin ! Sans compter qu'ils sont 290 000 à utiliser quotidiennement cet échangeur, 290 000 qui préfèrent de loin le confort de leur automobile à la promiscuité du transport collectif et qui, n'habitant pas la ville-centre n'ont pas grand chose à cirer de la qualité de vie qu'on y trouve. Sont-ils autant à être affecté par le projet digne du pliocène présenté par les génies vieillissant du MTQ ? C'est sûrement le premier calcul qu'aura fait la ministre, bien avant celui des coûts ou des délais !

Au fait, quand prendront-ils leur retraite, ces génies vieillissant ?

Dans le iPad (parce qu'un calepin, c'est tellement out)

Rien de tel, pour terminer une soirée, que se caler devant l'Attaque à 5 pour une bonne rigolade.  Il y a longtemps qu'on a cesser de se questionner sur les raisons qui poussent les directeurs de sports des différents réseaux de télé et radio, à avoir des normes de qualité du français aussi basses.  En fait, on se demande même s'il ont quelque chose qui ressemble à une exigeance à cet égard.
Malgré tout, on se doit de souligner la performance particulièrement médiocre de M. Marc Bureau : on veut bien que le monsieur n'est pas un as de la syntaxe, mais y aurait-il moyen de offrir un petit cours de prononciation ?
En particulier :
  • « fallait» ne se prononce pas « fôllait».
  • « Des fois » ne se prononce pas « dîns fois »
  • « Montréal » n'est pas « Montrial »
Si jamais vous le croisez, faites-lui le message de notre part.
tecnorati code : 9KWTYD76WWUH

jeudi 15 avril 2010

On s'entend pour dire

Le printemps à Montréal est synonyme de deux choses (l’une moins certaine que l’autre) : d’abord, il faut se porter une attention particulière à l’endroit où on pose le pied, car la fonte des neiges est accompagnée d’un dégel du crottin de chien.

Un peu moins certaine, mais quand même assez régulière (quoique souvent brève) : la présence de Canadien en séries d’après-saison ; le détail comme on disait autrefois.

Et donc, la présentation, dans la petite boîte noire, un soir sur deux, du proverbial “
hockey des séries
”. Vous verrez, dès la fin du premier match, les experts (et les connaisseurs auto-proclamés) seront unanimes : “Ah ! Du vrai hockey des séries”… sans pour autant être capables de définir précisément ce qu’ils entendent par là. D’ailleurs, on serait bien curieux de les voir passer un test au sourd là-dessus.
Quoi ? Vous ne savez pas ce qu’est un test au sourd ? Vous connaissez certainement le test à l’aveugle : on vous bande les yeux, et on vous met au défi de discerner le goût du Pepsi, du Coke, du Coke Diète et du RC Cola, sans voir la bouteille.

Et bien, le test au sourd est identique, sauf qu’il n’est pas pareil : on vous bouche les oreilles (ou on coupe le son, c’est selon) et on vous montre côte-à-côte 4 matchs de hockey, deux des séries et deux de saison régulière, et on vous met au défi de discerner les premiers des deuxièmes. On soupçonne fortement que la plupart des experts et / ou connaisseurs auto-proclamés échoueraient le test. L’humain est ainsi fait : il est si efficace pour se convaincre de quelque chose qu’il finit par y croire même si ça n’a rien à voir avec la réalité. Vous avez sûrement déjà vu ces prêcheurs américains qui “guérissent” d’une bonne poussée sur le front ? Les gens s’évanouissent tant ils sont convaincus que ça marche. Le hockey des séries est un peu comme ça : les experts vous jureront que c’est authentique. Ils ne s’évanouiront pas, par contre.

Ainsi donc, du hockey des séries : les mêmes joueurs, les mêmes règles, les mêmes arbitres, les mêmes patinoires, les mêmes rondelles. Mais un jeu com-plè-te-ment différent. Vous entendrez donc un paquet de clichés, au cours des prochaines semaines, qui soulèvent autant de questions. Nous n’avons pas toutes les réponses, alors ne vous gênez pas pour utiliser la zone “commentaires” ci-bas pour nous apporter vos lumières.

- Pourquoi les seules mises au jeu en zone adverse qui sont très importantes sont celles qui ont lieu à la fin de la période ? A-t-on plus de chances de marquer en fin de période ?

- Pourquoi d’ailleurs, les buts en fin de période sont censément plus importants, alors pourtant que l’adversaire aura tout le loisir de s’en remettre pendant l’entracte ? Et si ce serait le fait que l’attente tue, pourquoi alors des entraîneurs demandent-ils des temps d’arrêt après certains buts cruciaux, créant ainsi de l’attente ?

- Est-ce que le premier but du match vaut vraiment plus que le dernier ? Et quand est-il d’un premier but du match en fin de période suite à une mise au jeu en zone adverse ? Doit-on parler de Grand Chelem ?

- Pourquoi dit-on sans cesse que Jacques Martin n’a jamais rien gagné ? Combien d’entraîneurs actuellement dans la ligue nationale ont remporté les grands honneurs ? Combien ont atteint la finale ?
Combien ont atteint la demi-finale ? Nous soupçonnons (nous avons de nombreux soupçons aujourd’hui) que bien des entraîneurs aimeraient avoir la feuille de route de M. Martin.

- Où peut-on faire nos prédictions sur le nombre d’experts qui se seront gourrés dans leurs prédictions ? On vous rappelle que ce sont les mêmes experts qui avaient prédit de belles choses pour Maple Leafs et Hurricanes, de la misère pour Colorado qui nous éclairent aujourd’hui de leur savantes lumières. (Demain, nous vous ferons part de nos prédictions, construites selon la méthode éprouvée du “nom dans le chapeau”. On va bien s’amuser)

- Tant qu’à faire des prédictions, pourquoi personne ne s’est aventuré à prédire le nombre de joueurs qui seront utilisés dans la série Montréal-Washington ? Nous disons un seul : le Canadien n’aura pas à habiller Halak, son aura devrait suffire à intimider le Washington et motiver les joueurs du Montréal.

- On entend beaucoup dire que le Washington a une défensive poreuse. Pourtant, elle n’accordé que 10 buts de plus que Canadien, en 82 matchs. Est-ce dire que Canadien aura un net avantage d’un but si la série se joue en 8 matchs ?

Vous pourrez réfléchir à tout cela en sirotant une petite Molson dans votre salon.

Voici d’autres questions auxquelles vous pouvez répondre par la même occasion :

- Lu ici sur le Grand Club : “le % d’arrêts de Halak est de ,924. Celui de Price, 0,912. C’est la différence entre un gardien d’élite et un gardien ordinaire.” Question : À quel seuil un gardien ordinaire devient-il un gardien d’élite ? 0,914 ? 0,917 ?, 0,920 ? Nous avons eu beau fouiller dans les registres de stats et sur nhl.com, nous n’avons pas pu obtenir la réponse. Si vous savez, laissez ça ci-bas.

- Le Anaheim est exclus du détail. Serait-ce l’effet du cancer-gros-ego-poison-du-vestiaire-faiseur-de-cliques-qui-parle-même-pas-français Koivu ?

- Où se procure-t-on les boules de cristal qui permettent de voir comment et où seront les gardiens du Montréal dans deux ans ?

- Comment se fait-il que les membres du Grand Club qui sont les plus prompts à critiquer l’éthique de travail de Canadien et à blâmer Jacques Martin lorsqu’il donne congé à ses troupier, sont ceux-là mêmes qui passent tellement de temps sur ce site qu’il est clair qu’ils ne travaillent pas eux-mêmes ? Ont-ils l’autorité morale de juger de l’effort d’autrui ?


On s’entend pour dire…
Tournure de phrase très tendance, on la voit et l’entend de plus en plus, tant chez les blogueurs que dans la communauté médiatique : au moment de poser une prémisse douteuse (et souvent sans fondement) à une théorie fumeuse, l’intervenant utilise la formule “On s’entend pour dire”, assurant ainsi l’unanimité autour de l’idée. Par exemple : "On s’entend pour dire que Canadien a une bien meilleure défensive que Capitals et que c’est ça qui te fait gagner en séries… ". Cette formule a pour but de permettre à son émetteur de traiter en paria quiconque ne serait pas d’accord avec l’affirmation. Question : Peut-on s’entendre pour dire que “on s’entend pour dire” est une expression à proscrire ?


La face de bois
C’était lors de la retransmission du match Canadien-Lightning, le 9 mars dernier. Désirant exprimer le manque d’entrain au banc du Tampa Bay, Joël Bouchard souligne que tout le monde y a “la face de bois”. Sorte de croisement entre “la gueule de bois”, “le visage de marbre” et “la face d’enterrement”, l’expression a eu le mérite de faire sourire bon nombre de québecois. Mais pas tous. Benoît Brunet, lui, s’est plutôt dit "Que voilà une belle expression ! " Ainsi, quand, quelques minutes plus tard, le Tampa Bay encaissait un but moins d’une minute après avoir marqué pour s’approcher de Canadien au pointage, M. Brunet remarquait qu’ “On comprend pourquoi l’entraîneur a la face de bois”. Question : quand deux pareilles sommités de la langue françaises l’utilisent coup sur coup, peut-on parler d’expression consacrée ?


Rire dans sa barbe des séries
Canadien participe pour une cinquième fois au cours des six années sous la direction de Bob Gainey. Seules 7 autres équipes en ont fait autant ou mieux au cours de ces 6 années. On s’entend pour dire que c’est pas pire pantoute.