jeudi 15 avril 2010

On s'entend pour dire

Le printemps à Montréal est synonyme de deux choses (l’une moins certaine que l’autre) : d’abord, il faut se porter une attention particulière à l’endroit où on pose le pied, car la fonte des neiges est accompagnée d’un dégel du crottin de chien.

Un peu moins certaine, mais quand même assez régulière (quoique souvent brève) : la présence de Canadien en séries d’après-saison ; le détail comme on disait autrefois.

Et donc, la présentation, dans la petite boîte noire, un soir sur deux, du proverbial “
hockey des séries
”. Vous verrez, dès la fin du premier match, les experts (et les connaisseurs auto-proclamés) seront unanimes : “Ah ! Du vrai hockey des séries”… sans pour autant être capables de définir précisément ce qu’ils entendent par là. D’ailleurs, on serait bien curieux de les voir passer un test au sourd là-dessus.
Quoi ? Vous ne savez pas ce qu’est un test au sourd ? Vous connaissez certainement le test à l’aveugle : on vous bande les yeux, et on vous met au défi de discerner le goût du Pepsi, du Coke, du Coke Diète et du RC Cola, sans voir la bouteille.

Et bien, le test au sourd est identique, sauf qu’il n’est pas pareil : on vous bouche les oreilles (ou on coupe le son, c’est selon) et on vous montre côte-à-côte 4 matchs de hockey, deux des séries et deux de saison régulière, et on vous met au défi de discerner les premiers des deuxièmes. On soupçonne fortement que la plupart des experts et / ou connaisseurs auto-proclamés échoueraient le test. L’humain est ainsi fait : il est si efficace pour se convaincre de quelque chose qu’il finit par y croire même si ça n’a rien à voir avec la réalité. Vous avez sûrement déjà vu ces prêcheurs américains qui “guérissent” d’une bonne poussée sur le front ? Les gens s’évanouissent tant ils sont convaincus que ça marche. Le hockey des séries est un peu comme ça : les experts vous jureront que c’est authentique. Ils ne s’évanouiront pas, par contre.

Ainsi donc, du hockey des séries : les mêmes joueurs, les mêmes règles, les mêmes arbitres, les mêmes patinoires, les mêmes rondelles. Mais un jeu com-plè-te-ment différent. Vous entendrez donc un paquet de clichés, au cours des prochaines semaines, qui soulèvent autant de questions. Nous n’avons pas toutes les réponses, alors ne vous gênez pas pour utiliser la zone “commentaires” ci-bas pour nous apporter vos lumières.

- Pourquoi les seules mises au jeu en zone adverse qui sont très importantes sont celles qui ont lieu à la fin de la période ? A-t-on plus de chances de marquer en fin de période ?

- Pourquoi d’ailleurs, les buts en fin de période sont censément plus importants, alors pourtant que l’adversaire aura tout le loisir de s’en remettre pendant l’entracte ? Et si ce serait le fait que l’attente tue, pourquoi alors des entraîneurs demandent-ils des temps d’arrêt après certains buts cruciaux, créant ainsi de l’attente ?

- Est-ce que le premier but du match vaut vraiment plus que le dernier ? Et quand est-il d’un premier but du match en fin de période suite à une mise au jeu en zone adverse ? Doit-on parler de Grand Chelem ?

- Pourquoi dit-on sans cesse que Jacques Martin n’a jamais rien gagné ? Combien d’entraîneurs actuellement dans la ligue nationale ont remporté les grands honneurs ? Combien ont atteint la finale ?
Combien ont atteint la demi-finale ? Nous soupçonnons (nous avons de nombreux soupçons aujourd’hui) que bien des entraîneurs aimeraient avoir la feuille de route de M. Martin.

- Où peut-on faire nos prédictions sur le nombre d’experts qui se seront gourrés dans leurs prédictions ? On vous rappelle que ce sont les mêmes experts qui avaient prédit de belles choses pour Maple Leafs et Hurricanes, de la misère pour Colorado qui nous éclairent aujourd’hui de leur savantes lumières. (Demain, nous vous ferons part de nos prédictions, construites selon la méthode éprouvée du “nom dans le chapeau”. On va bien s’amuser)

- Tant qu’à faire des prédictions, pourquoi personne ne s’est aventuré à prédire le nombre de joueurs qui seront utilisés dans la série Montréal-Washington ? Nous disons un seul : le Canadien n’aura pas à habiller Halak, son aura devrait suffire à intimider le Washington et motiver les joueurs du Montréal.

- On entend beaucoup dire que le Washington a une défensive poreuse. Pourtant, elle n’accordé que 10 buts de plus que Canadien, en 82 matchs. Est-ce dire que Canadien aura un net avantage d’un but si la série se joue en 8 matchs ?

Vous pourrez réfléchir à tout cela en sirotant une petite Molson dans votre salon.

Voici d’autres questions auxquelles vous pouvez répondre par la même occasion :

- Lu ici sur le Grand Club : “le % d’arrêts de Halak est de ,924. Celui de Price, 0,912. C’est la différence entre un gardien d’élite et un gardien ordinaire.” Question : À quel seuil un gardien ordinaire devient-il un gardien d’élite ? 0,914 ? 0,917 ?, 0,920 ? Nous avons eu beau fouiller dans les registres de stats et sur nhl.com, nous n’avons pas pu obtenir la réponse. Si vous savez, laissez ça ci-bas.

- Le Anaheim est exclus du détail. Serait-ce l’effet du cancer-gros-ego-poison-du-vestiaire-faiseur-de-cliques-qui-parle-même-pas-français Koivu ?

- Où se procure-t-on les boules de cristal qui permettent de voir comment et où seront les gardiens du Montréal dans deux ans ?

- Comment se fait-il que les membres du Grand Club qui sont les plus prompts à critiquer l’éthique de travail de Canadien et à blâmer Jacques Martin lorsqu’il donne congé à ses troupier, sont ceux-là mêmes qui passent tellement de temps sur ce site qu’il est clair qu’ils ne travaillent pas eux-mêmes ? Ont-ils l’autorité morale de juger de l’effort d’autrui ?


On s’entend pour dire…
Tournure de phrase très tendance, on la voit et l’entend de plus en plus, tant chez les blogueurs que dans la communauté médiatique : au moment de poser une prémisse douteuse (et souvent sans fondement) à une théorie fumeuse, l’intervenant utilise la formule “On s’entend pour dire”, assurant ainsi l’unanimité autour de l’idée. Par exemple : "On s’entend pour dire que Canadien a une bien meilleure défensive que Capitals et que c’est ça qui te fait gagner en séries… ". Cette formule a pour but de permettre à son émetteur de traiter en paria quiconque ne serait pas d’accord avec l’affirmation. Question : Peut-on s’entendre pour dire que “on s’entend pour dire” est une expression à proscrire ?


La face de bois
C’était lors de la retransmission du match Canadien-Lightning, le 9 mars dernier. Désirant exprimer le manque d’entrain au banc du Tampa Bay, Joël Bouchard souligne que tout le monde y a “la face de bois”. Sorte de croisement entre “la gueule de bois”, “le visage de marbre” et “la face d’enterrement”, l’expression a eu le mérite de faire sourire bon nombre de québecois. Mais pas tous. Benoît Brunet, lui, s’est plutôt dit "Que voilà une belle expression ! " Ainsi, quand, quelques minutes plus tard, le Tampa Bay encaissait un but moins d’une minute après avoir marqué pour s’approcher de Canadien au pointage, M. Brunet remarquait qu’ “On comprend pourquoi l’entraîneur a la face de bois”. Question : quand deux pareilles sommités de la langue françaises l’utilisent coup sur coup, peut-on parler d’expression consacrée ?


Rire dans sa barbe des séries
Canadien participe pour une cinquième fois au cours des six années sous la direction de Bob Gainey. Seules 7 autres équipes en ont fait autant ou mieux au cours de ces 6 années. On s’entend pour dire que c’est pas pire pantoute.



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